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rain de l’Asie daignerait accorder aux armées et aux provinces de l’Occident. On insinuait en même temps que la gratitude et la générosité tenaient une place distinguée parmi les vertus de Constantin. Ce prince adroit eut soin de ne se montrer aux troupes que lorsqu’elles furent disposées à le saluer des noms d’Auguste et d’empereur. Le trône était l’objet de ses désirs, et le seul asile où il pût être en sûreté, quand même il eût été moins dirigé par l’ambition. Connaissant le caractère et les sentimens de Galère, il savait assez que s’il voulait vivre, il devait se déterminer à régner. Le résistance convenable et même opiniâtre qu’il crut devoir affecter[1], avait pour objet de justifier son usurpation ; et il ne céda aux acclamations de l’armée, que lorsqu’elles lui eurent fourni la matière convenable d’une lettre qu’il envoya aussitôt à l’empereur d’Orient. Constantin lui apprend qu’il a eu le malheur de perdre son père ; il expose modestement ses droits naturels à la succession de Constance, et il déplore en termes bien respectueux la violence affectueuse des troupes, qui ne lui a pas permis de solliciter la pourpre impériale d’une manière régulière et conforme à la constitution. Les premiers mouvemens de Galère furent ceux de la surprise, du chagrin et de la fureur ; et comme il

  1. Eumène, son panégyriste (VII, 8), ose assurer, en présence de Constantin, que ce prince donna des éperons à son cheval, et qu’il essaya, mais en vain, d’échapper à ses soldats.