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le poursuivirent quelquefois dans sa retraite. Les malheurs de sa femme et de sa fille blessèrent cruellement sa tendresse, ou du moins son orgueil. Enfin, des affronts que Constantin et Licinius auraient dû épargner au père de tant d’empereurs, au premier auteur de leur fortune, répandirent l’amertume sur les derniers momens de Dioclétien. [Et sa mort. A. D. 313.]On a prétendu, quoique sans aucune preuve certaine, qu’il se déroba prudemment à leur pouvoir par une mort volontaire[1].

Description de Salone et des environs.

Avant de perdre entièrement de vue le tableau de la vie et du caractère de ce prince, jetons nos regards sur le lieu de sa retraite. Salone, capitale de la Dalmatie, son pays natal, était, selon la mesure des grands chemins de l’empire, à deux cents milles romains d’Aquilée et des confins d’Italie, et à deux cent soixante-dix environ de Sirmium, résidence ordinaire des empereurs lorsqu’ils visitaient la frontière d’Illyrie[2]. C’est un misérable village qui porte aujourd’hui le nom de Salone ; mais encore dans le seizième siècle, les restes d’un théâtre et des débris d’arches rompues et de colonnes de marbre

  1. Victor le jeune parle légèrement de ce bruit ; mais comme Dioclétien avait déplu à un parti puissant et triomphant, sa mémoire a été chargée de toutes sortes de crimes et de malheurs. On a prétendu qu’il était mort dans les accès d’une folie furieuse ; qu’il avait été condamné comme criminel par le sénat de Rome, etc.
  2. Voyez les Itinéraires, p. 269, 272, édit. de Wesseling.