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ves ; et les habitans, depuis Alexandre, étaient un mélange de Grecs, d’Arabes, de Syriens et d’Arméniens[1]. Les faibles monarques de ce royaume, placés entre les frontières de deux empires rivaux, paraissaient intérieurement disposés en faveur des Parthes ; cependant la puissance formidable de Rome leur arracha un hommage qu’ils ne rendirent qu’à regret, mais qu’attestent encore leurs médailles. Les Romains crurent devoir s’assurer de leur fidélité par des gages plus certains ; après la guerre des Parthes, sous Marc-Aurèle, ils construisirent des forteresses au milieu de leur pays ; et ils mirent une garnison dans l’importante place de Nisibis. Durant les troubles qui suivirent la mort de Commode, les princes de l’Osrhoène entreprirent en vain de secouer le joug. La politique ferme de Sévère sut les contenir[2], et la conduite perfide de Caracalla termina une conquête facile. Abgare, dernier roi d’Édesse, fut envoyé à Rome chargé de fers ; son royaume fut réduit en province, et sa capitale honorée du rang de colonie. Ainsi, dix ans avant la chute des Par-

  1. Les habitans policés d’Antioche appelaient ceux d’Édesse un mélange de Barbares. Il faut cependant dire, en faveur de ceux-ci, qu’on parlait à Édesse l’araméen, le plus pur et le plus élégant des trois dialectes du syriaque. M. Bayer a tiré cette remarque (Hist. Edess., p. 5) de George de Malatie, auteur syrien.
  2. Dion, l. LXXV, p. 1248, 1249, 1250. M. Bayer a négligé ce passage important.