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exercer en commun le pouvoir indivisible de la monarchie ; les édits signés de leurs noms avaient force de loi dans toutes les provinces, et paraissaient émanés de leurs conseils et de leur autorité. Malgré toutes ces précautions, l’on vit se dissoudre par degrés l’union politique de l’univers romain, et il s’introduisit un principe de division qui, au bout d’un petit nombre d’années, causa la séparation perpétuelle des empires d’Orient et d’Occident.

Augmentation des taxes.

Le système de Dioclétien renfermait un autre inconvénient très-essentiel, qui, même à présent, n’est pas indigne de notre attention. Un établissement plus dispendieux entraîna nécessairement une augmentation de taxes et l’oppression du peuple. Au lieu de la suite modeste d’esclaves et d’affranchis dont s’était contentée la noble simplicité d’Auguste et de Trajan, trois ou quatre cours magnifiques furent établies dans les différentes parties de l’empire, et autant de rois romains cherchèrent à se surpasser par leur somptuosité, et à éclipser le faste du monarque persan. Le nombre des magistrats, des ministres et des officiers qui remplissaient les charges de l’état, n’avait jamais été si considérable ; et (si nous pouvons emprunter la vive expression d’un auteur contemporain) « lorsque la proportion de ceux qui recevaient excéda la proportion de ceux qui contribuaient ; les provinces furent opprimées par le poids des tributs[1]. » Depuis cette époque jusqu’à la ruine de

  1. Lactance, De mort. pers., c. 7.