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L’orgueil ou plutôt la politique engagea Dioclétien à introduire dans sa cour la magnificence des monarques persans[1]. Il osa ceindre le diadème, cette marque odieuse de la royauté dont les Romains

    que les consuls, les préteurs et les autres magistrats paraissaient en public pour vaquer aux devoirs de leur charge, leur dignité s’annonçait, et par les marques qu’avait consacrées l’usage, et par le brillant cortège dont ils étaient accompagnés. Mais cette dignité était attachée à la charge et non à l’individu ; cette pompe appartenait au magistrat et non à l’homme… Le consul, suivi, dans les comices, de tout le sénat, des préteurs, des questeurs, des édiles, des licteurs, des appariteurs et des hérauts, n’était servi en rentrant dans sa maison que par des affranchis et par ses esclaves. Les premiers empereurs n’allèrent pas plus loin. Tibère n’avait, pour son service personnel, qu’un nombre modéré d’esclaves et quelques affranchis (Tacite, Ann., IV, 7)… Mais à mesure que les formes républicaines s’évanouirent l’une après l’autre, le penchant des empereurs à s’entourer d’une pompe personnelle, se manifesta de plus en plus… La magnificence et le cérémonial de l’Orient s’introduisirent tout-à-fait sous Dioclétien, et Constantin acheva de les consacrer. Les palais, les garde-meubles, la table, tout l’entourage personnel, distinguèrent alors l’empereur de ses sujets, plus encore que sa haute dignité… L’organisation que Dioclétien donna à sa nouvelle cour attacha moins d’honneurs et de distinctions aux états qu’aux services rendus aux membres de la famille impériale. » (Hegewisch, Essai hist. sur les finances romaines (en allem.), p. 249.)

    Peu d’historiens ont caractérisé d’une manière plus philosophique l’influence d’une nouvelle institution. (Note de l’Éditeur.)

  1. Voyez Spanheim, De usa numism., dissert. XII.