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habitans. Cette superbe cité, qu’avait déjà épuisée le voisinage d’un rival trop puissant, succomba sous le coup fatal. [Ann. 198.]Ctésiphon seule sortit de ses ruines, et dans un espace de trente-trois ans, elle avait repris assez de force pour soutenir un siége opiniâtre contre l’empereur Sévère. Elle fut néanmoins emportée d’assaut, et le roi, qui la défendait en personne, se sauva précipitamment. Cent mille captifs et de riches dépouilles récompensèrent les travaux des soldats romains[1]. Babylone, Séleucie n’existaient plus : ainsi, malgré tant de malheurs, Ctésiphon conserva le rang d’une des plus grandes capitales de l’Asie. En été, les vents rafraîchissans qui sortent des montagnes de la Médie, rendaient le séjour d’Ecbatane plus agréable aux monarques persans ; mais pendant l’hiver ils venaient jouir à Ctésiphon des douceurs d’un climat plus tempéré.

Conquête de l’Osrhoène par les Romains.

Les Romains, quoique victorieux, ne tirèrent aucun avantage réel ni durable de leurs expéditions, et jamais ils ne songèrent à conserver des conquêtes si éloignées, séparées de leur empire par des vastes déserts. L’acquisition de l’Osrhoène, moins brillante à la vérité, leur devint bien plus importante. Ce petit état renfermait la partie septentrionale et la plus fertile de la Mésopotamie, entre le Tigre et l’Euphrate. Edesse, sa capitale, avait été bâtie à vingt milles environ au-delà du premier de ces fleu-

  1. Dion, l. LXXV, p. 1263 ; Hérodien, l. III, p. 120 ; Hist. Aug., p. 70.