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remit son audience de jour en jour, et il fut obligé de suivre le roi dans plusieurs marches très-lentes. Il fut enfin admis en présence de ce monarque, près de l’Asprudus, rivière de la Médie. Quoique Narsès désirât sincèrement la paix, le motif secret de ce prince, dans un pareil délai, avait été de rassembler des forces qui le missent en état de négocier avec plus de dignité, et de rétablir en quelque sorte l’équilibre. Trois personnes seulement assistèrent à cette conférence importante, le ministre Apharban, le capitaine des gardes, et un officier qui avait commandé sur les frontières d’Arménie[1]. La première proposition de l’ambassadeur romain n’est pas maintenant de nature à être bien entendue : il demandait que Nisibis fût l’entrepôt des marchandises des deux empires. On conçoit facilement l’intention des princes romains, qui voulaient augmenter leurs revenus en soumettant le commerce à quelques règlemens prohibitifs ; mais comme Nisibis leur appartenait, et qu’ils étaient les maîtres de l’importation et de l’exportation, de pareils droits semblaient devoir être plutôt l’objet d’une loi intérieure que d’un traité étranger. Pour les rendre plus effectifs, on exigeait peut-être du roi de Perse quelques conditions qui lui parurent si contraires à son intérêt ou à sa di-

  1. Il avait été gouverneur du Sumium (Pierre Patrice, Excerpta leg., p. 30). Cette province, dont il paraît que Moïse de Chorène a fait mention (Géogr., p. 360), était située à l’orient du mont Ararat.