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furent mis à l’abri de toute violence, menés en lieu de sûreté, et traités avec le respect et les tendres égards qu’un ennemi généreux devait à leur âge, à leur sexe et à leur dignité[1].

Négociation pour la paix.

Dans le temps que l’Asie attendait avec inquiétude la décision de la fortune, Dioclétien ayant levé en Syrie une forte armée d’observation, déployait à quelque distance du théâtre de la guerre les ressources de la puissance romaine, et se réservait pour les événemens importans. À la nouvelle de la victoire remportée sur les Perses, il s’avança sur la frontière, dans la vue de modérer, par sa présence et par ses conseils, l’orgueil de Galère. Les princes romains se virent à Nisibis, où ils se donnèrent les témoignages les plus signalés, l’un de respect, l’autre d’estime. Ce fut dans cette ville qu’ils reçurent bientôt après l’ambassadeur du grand roi[2]. La force ou du moins, l’ambition de Narsès avait été abattue par sa dernière défaite. La paix lui parut le seul moyen d’arrêter le progrès des armes romaines. Il députa Apharban, qui

  1. Les Perses avouèrent la supériorité des Romains dans la morale aussi-bien que dans les armes. (Eutrope, IX, 24) Mais ces expressions du respect et de la gratitude d’un ennemi se trouvent rarement dans sa propre relation.
  2. Le détail de cette négociation est tiré des fragmens de Pierre Patrice, dans les Excerpta legationum, publiés dans la collection byzantine. Pierre vivait sous Justinien ; mais il est évident, par la nature de ses matériaux, qu’ils sont pris des écrivains les plus authentiques et les plus respectables.