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qui a sauvé de l’oubli le nom de Tiridate, célèbre avec l’enthousiasme national sa valeur personnelle ; et, suivant le véritable esprit des romans orientaux, il décrit les géans et les éléphans qui tombèrent sous son bras invincible. D’autres monumens nous apprennent que le prince arménien dut une partie de ses avantages aux troubles qui déchiraient la monarchie persane. Des frères rivaux se disputaient alors le trône. Hormuz, après avoir épuisé sans succès toutes les ressources de son parti, implora le secours dangereux des Barbares qui habitaient les bords de la mer Caspienne[1]. Au reste, la guerre civile fut bientôt terminée, soit par la défaite d’un des deux partis, soit par un accommodement ; et Narsès, universellement reconnu roi de Perse, tourna toutes ses forces contre l’ennemi étranger. La victoire ne pouvait être disputée ; la valeur du héros fut incapable de résister à la puissance du monarque. Tiridate, obligé de descendre une seconde fois du trône d’Arménie, vint encore se réfugier à la cour des empereurs. Narsès rétablit bientôt son autorité dans la province rebelle ; et, se plaignant hautement de

  1. Ipsos Persas ipsumque regem ascitis Saccis, et Ruffis, et Gellis, petit frater Ormus. (Panegyr. vet., III, I.) Les Saces étaient une nation de Scythes vagabonds qui campaient vers les sources de l’Oxus et du Jaxartes. Les Gelli étaient les habitans du Ghilan, le long de la mer Caspienne. Ce furent eux qui, sous le nom de Dilemites, infestèrent si long-temps la monarchie persane. Voyez d’Herbelot, Bibl. orient.