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ture du royaume d’Arménie. Cette démarche, fondée sur la justice, ne semblait pas moins avantageuse à l’intérêt de Rome. Il était temps d’arracher à la domination des Perses une contrée importante, qui, depuis le règne de Néron, avait toujours été gouvernée, sous la protection de l’empire, par la branche cadette de la maison des Arsacides[1].

Il remonte sur le trône. A. D. 286.

Lorsque Tiridate parut sur les frontières de l’Arménie, il fut reçu avec des protestations sincères de joie et de fidélité. Durant vingt-six ans ce royaume avait éprouvé les malheurs réels et imaginaires d’un joug étranger. Les monarques persans avaient orné leur nouvelle conquête de bâtimens magnifiques ; mais le peuple contemplait avec horreur ces monumens élevés à ses frais, et qui attestaient la servitude de la patrie. [État de l’Arménie.]L’appréhension d’une révolte avait inspiré les précautions les plus rigoureuses. L’insulte aggravait l’oppression ; et le vainqueur, chargé de la haine publique, prenait, pour en prévenir l’effet, toutes les mesures qui pouvaient la rendre encore plus implacable. Nous avons déjà remarqué l’esprit intolérant de la religion des Mages. Les statues des souverains de l’Arménie placés au rang des dieux, et les images sacrées du Soleil et de la Lune furent mises en pièces par le zèle des Perses. Ils érigèrent sur la cime du mont Baghavan[2] un autel, où brûla

  1. Voyez Dion-Cassius, l. LXII et LXIII.
  2. Moïse de Chorène, Hist. d’Arménie, l. II, c. 74. Les