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du continent et la défense des grands fleuves, qui servaient de limites à l’empire, étaient des objets beaucoup plus difficiles, et d’une plus grande importance. La politique de Dioclétien, qui dirigeait les conseils de ses associés, pourvut à la sûreté de l’état en semant la discorde parmi les Barbares, et en augmentant les fortifications des frontières romaines. [Fortifications.]En Orient, il traça une ligne de camps depuis l’Égypte jusqu’aux domaines des Perses. Chaque camp fut rempli d’un certain nombre de troupes stationnaires, commandées par leurs officiers respectifs, et fournies de toutes sortes d’armes qu’elles tiraient des arsenaux nouvellement établis dans les villes d’Antioche, d’Émèse et de Damas[1]. L’empereur ne prit pas moins de précautions contre la valeur si souvent éprouvée des Barbares de l’Europe. De l’embouchure du Rhin à celle du Danube, les anciens camps, les villes et les citadelles furent réparés avec soin, et l’on construisit de nouvelles forteresses dans les lieux les plus exposés. La plus exacte vigilance fut introduite parmi les garnisons des frontières. Enfin, on n’oublia rien pour assurer et pour mettre à l’abri de toute insulte cette longue chaîne de fortifications[2]. Une barrière si respecta-

  1. Jean Malala, in Chron. Antioch., t. I, p. 408, 409.
  2. Zosime, l. I, p. 3. Cet historien partial semble célébrer la vigilance de Dioclétien, dans la vue de mettre au jour la négligence de Constantin. Voici cependant les expressions d’un orateur : « Nam quid ego alarum et cohortium