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ensuite à la conquête de la Bretagne. Pendant les trois années qui furent employées à la construction d’une flotte, il s’assura des côtes de la Gaule, envahit le pays des Francs, et priva l’usurpateur de l’assistance de ces puissans alliés.

Mort de Carausius. A. D. 294.

Les préparatifs n’étaient point encore terminés, lorsque Constance apprit la mort du tyran. Cet événement parut un présage certain des victoires du César. Les sujets de Carausius imitèrent l’exemple de trahison qu’il avait donné ; il fut tué par Allectus, son premier ministre, qui hérita de sa puissance et de ses dangers. Mais l’assassin n’avait pas assez de talens pour exercer l’autorité souveraine, ni pour la défendre. Il vit avec effroi sur le continent la rive opposée déjà couverte d’armes, de troupes et de vaisseaux. En effet, Constance avait prudemment divisé ses forces, afin de diviser pareillement l’attention et la résistance de l’ennemi. [Constance reprend la Bretagne. A. D. 296.]Enfin, l’attaque fut faite par la principale escadre, qui, sous le commandement du préfet Asclépiodate, officier d’un mérite distingué, avait été assemblée à l’embouchure de la Seine. L’art de la navigation était alors si imparfait, que les orateurs ont célébré le courage intrépide des Romains, qui osèrent mettre à la voile un jour d’orage et avec le vent de côté. Le temps concourut au succès de leur entreprise. À la faveur d’un brouillard épais, ils échappèrent à la flotte placée par Allectus à l’île de Wight pour les arrêter, descendirent en sûreté sur la côte occidentale, et montrèrent aux Bretons que la supériorité