Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 2.djvu/32

Cette page a été validée par deux contributeurs.

permit pas de prendre de repos, qu’il n’eût tout soumis. Il parcourut en personne les provinces de la Perse, à la tête d’une armée nombreuse et disciplinée. La défaite des plus fiers rebelles, et la réduction des places les plus fortes[1], répandirent la terreur de ses armes, et contribuèrent à faire recevoir paisiblement son autorité. Les chefs tombèrent victimes d’une résistance opiniâtre ; mais leurs partisans furent traités avec douceur[2]. Une soumission volontaire était récompensée par des richesses et par des honneurs. Trop prudent pour laisser aucun sujet se parer des ornemens de la royauté, Artaxercès abolit tout pouvoir intermédiaire entre le trône et le peuple. [Étendue et population de la Perse.]Son royaume, à peu près aussi étendu que la Perse moderne, se trouvait borné de tous côtés par la mer et de grands fleuves. Il avait pour limites l’Euphrate, l’Oxus, l’Araxe, le Tigre, l’Indus, la mer Caspienne et le golfe Persique[3].

  1. Eutychius (tom. I, p. 367, 371, 375) rapporte le siége de l’île de Mesène dans le Tigre, avec des circonstances assez semblables à l’histoire de Nisus et de Scylla.
  2. Agathias, II, 164. Les princes du Segestan défendirent leur indépendance pendant quelques années. Comme les romanciers, en général, placent dans une période reculée les événemens de leur temps, cette histoire véritable a peut-être donné lieu aux exploits fabuleux de Rostam, prince du Segestan.
  3. On peut à peine comprendre dans la monarchie persane la côte maritime de Gedrosie ou Mekran, qui s’étend le long de l’océan Indien, depuis le cap de Jask (le promon-