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ties de l’ancien continent dans l’amphithéâtre de Rome. Mais cet avantage passager que la science tirait de la folie, ne saurait certainement justifier un emploi si extravagant des richesses de l’état. On trouve pourtant dans l’histoire romaine une occasion, unique à la vérité, où le sénat de Rome lia prudemment les jeux de la multitude avec les intérêts de la république ; ce fut pendant la première guerre punique. Un petit nombre d’esclaves, qui n’avaient pour armes que des javelines émoussées[1], donna la chasse au milieu du cirque, à une troupe considérable d’éléphans pris sur les Carthaginois. Ce divertissement utile servit à inspirer au soldat romain un juste mépris pour ces masses énormes, qu’il ne craignit bientôt plus de rencontrer sur le champ de bataille.

L’amphithéâtre.

La chasse ou l’exposition des bêtes sauvages se faisait avec une magnificence digne d’un peuple qui s’appelait le maître de l’univers ; les édifices destinés à ces amusemens ne répondaient pas moins à la grandeur romaine. La postérité admire et admirera long-temps les débris majestueux de l’amphithéâtre de Titus, qui méritait bien le nom de colossal[2]. C’était un bâtiment de forme elliptique, long de cinq cent soixante-quatre pieds, large de quatre cent soixante-sept, appuyé sur quatre-vingts arches, et

  1. Pline, Hist. nat., VIII, 6. Cette particularité est tirée des Annales de Pison.
  2. Voyez Maffei, Verona illustrata, p. IV, l. I, c. 2.