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il les força de planter un grand nombre d’oliviers le long des côtes de l’Afrique[1]. Guidé par le même principe, Probus exerça ses légions à couvrir de vignes les coteaux fertiles de la Gaule et de la Pannonie. Il s’efforça de mériter par ses bienfaits la reconnaissance de sa patrie, pour laquelle il conserva toujours une affection particulière. Un vaste terrain connu sous le nom de mont Almo, et situé aux environs de Sirmium, son pays natal, ne présentait de tous côtés que des marais infects ; il fut converti en de riches pâturages. On parle encore d’un autre endroit entièrement défriché par ses troupes[2]. Une pareille armée formait peut-être la portion la plus brave et la plus utile des sujets romains.

Fort de la droiture de ses intentions, l’homme le plus sage, en suivant un plan favori, sort souvent des bornes de la modération. Probus lui-même ne consulta point assez la patience et la disposition de ses fiers légionnaires[3]. Les périls attachés à la

  1. Aurel.-Victor, in Prob. Mais la politique d’Annibal, dont aucun auteur plus ancien n’a parlé, ne s’accorde pas avec l’histoire de sa vie. Il quitta l’Afrique à l’âge de neuf ans ; il en avait quarante-cinq lorsqu’il y retourna ; et immédiatement après, il perdit son armée dans la bataille décisive de Zama. Tite-Live, XXX, 37.
  2. Hist. Aug., p. 240 ; Eutrope, IX, 17 ; Aurel.-Victor. in Prob. ; Victor le jeune. Ce prince révoqua la défense de Domitien, et il accorda aux Gaulois, aux Bretons et aux Pannoniens une permission générale de planter des vignes.
  3. Julien blâme avec trop de sévérité la rigueur de