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péré de quelques gladiateurs, dont plus de six cents avaient été destinés aux jeux cruels de l’amphithéâtre. Quatre-vingts d’entre eux environ, frémissant d’être forcés de répandre leur sang pour l’amusement de la populace, tuèrent leurs conducteurs, sortirent avec impétuosité de l’endroit où ils étaient gardés, et remplirent les rues de la capitale de sang et de confusion. Après une résistance opiniâtre, ils furent terrassés et mis en pièces par des troupes régulières ; mais ils obtinrent du moins une mort honorable et la satisfaction d’une juste vengeance[1].

Sa discipline.

La discipline de Probus, moins cruelle que celle d’Aurélien, était observée avec la même rigidité et la même exactitude. Le vainqueur de Zénobie punissait sévèrement les désordres des soldats ; Probus les prévenait, en employant constamment les légions à des travaux utiles. Tandis qu’il avait commandé en Égypte, il avait exécuté plusieurs ouvrages considérables qui contribuèrent à la splendeur et à l’avantage de cette riche contrée. Il perfectionna la navigation du Nil, si importante à Rome elle-même. Des temples, des ponts, des portiques et des palais, furent construits par les mains des soldats, devenus tour à tour architectes, ingénieurs et cultivateurs[2]. On rapporte d’Annibal que, dans la vue de garantir ses troupes des suites funestes de l’oisiveté,

  1. Zosime, l. I, p. 66.
  2. Hist. Aug., p. 236.