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pas, s’écrie l’avide prophète, que vos bonnes œuvres surpassent en nombre les feuilles des arbres, les gouttes de la pluie, les sables de la mer ou les étoiles du firmament ; il faut encore, pour qu’elles vous soient profitables, que le destour, ou le prêtre, daigne les approuver. Vous ne pouvez obtenir une pareille faveur qu’en payant fidèlement à ce guide du salut la dîme de vos biens, de vos terres, de votre argent, de tout ce que vous possédez. Si le destour est satisfait, votre âme évitera les tourmens de l’enfer ; vous serez comblés d’éloges dans ce monde-ci, et vous goûterez dans l’autre un bonheur éternel : car les destours sont les oracles de la divinité ; rien ne leur est caché, et ce sont eux qui délivrent tous les hommes[1]. »

Ces maximes importantes de respect et d’une foi implicite étaient sans doute gravées avec le plus grand soin dans l’âme tendre des jeunes Perses, puisque l’éducation appartenait aux mages, et que l’on remettait entre leurs mains les enfans même de la famille royale[2]. Les prêtres, doués d’un génie spéculatif, étudiaient et dérobaient aux yeux de la

    est écrit en vers, tandis que Zoroastre a toujours écrit en prose. (Hyde, c. 1, p. 27.) Quoi qu’il en soit de cette dernière assertion, qui paraît peu fondée, la postériorité du Sadder est incontestable : l’abbé Foucher ne croit pas même que ce soit un extrait des livres de Zoroastre. Voyez sa dissertation déjà citée, Mém. de l’Acad. des inscript. et belles-lettres, t. XXVII. (Note de l’Éditeur.)

  1. Sadder, art. 8.
  2. Platon, dans l’Alcibiade.