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d’une voix unanime, ratifia le choix des armées de l’Orient, et conféra solennellement à leur brave chef toutes les diverses branches de la dignité impériale, les noms de César et d’Auguste, le titre de père de la patrie, le droit de proposer le même jour trois décrets dans le sénat[1], l’office de souverain pontife, la puissance tribunitienne, et le commandement proconsulaire : forme d’investiture qui, en paraissant multiplier l’autorité du prince, retraçait la constitution de l’ancienne république. Le règne de Probus répondit à de si beaux commencemens. Il permit au sénat de diriger l’administration civile. Se regardant comme son général, il se contentait de soutenir l’honneur des armes romaines. Souvent même il déposait à ses pieds des couronnes d’or et les dépouilles des Barbares, fruits de ses nombreuses victoires[2]. Mais, en flattant ainsi la vanité des sénateurs, ne devait-il pas intérieurement mépriser leur indolence et leur faiblesse ? Les successeurs des Scipion semblaient n’avoir hérité que de l’orgueil de leurs ancêtres. Quoiqu’il fût à tout moment en leur pouvoir de faire révoquer l’édit flétrissant de Gallien, ils consentirent patiemment à rester exclus du service mili-

  1. Hist. Aug., p. 238. Il est singulier que le sénat ait traité Probus moins favorablement que Marc-Aurèle. Celui-ci avait rien, même avant la mort d’Antonin-le-Pieux, jus quintæ relationis. Voyez Capitolin, Hist. Aug., p. 24.
  2. Voyez la lettre respectueuse de Probus au sénat, après ses victoires sur les Germains. Hist. Aug., p. 239.