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rement malsain. Aux maladies se joignirent de fréquentes désertions, qui diminuèrent leur nombre. [Juillet.]Les passages des montagnes n’étaient que faiblement gardés. Tarse ouvrit ses portes. Enfin, les soldats de Florianus, après l’avoir laissé jouir environ trois mois de la dignité impériale, délivrèrent l’état des horreurs d’une guerre civile, en sacrifiant un prince qu’ils méprisaient[1].

Leurs enfans subsistent dans l’obscurité.

Les révolutions perpétuelles du trône avaient tellement effacé toute notion de droit héréditaire, que la famille d’un infortuné souverain ne donnait aucun ombrage à ses successeurs. Les enfans de Tacite et de Florianus eurent la permission de descendre dans un rang privé, et de se mêler à la masse générale des sujets. Leur pauvreté devint, il est vrai, la sauvegarde de leur innocence. Tacite, en montant sur le trône, avait consacré son ample patrimoine au service public[2] : acte spécieux de générosité, mais qui montrait évidemment l’intention qu’avait ce prince de transmettre l’empire à ses descendans. La seule consolation qu’ils goûtèrent après leur chute, fut le souvenir de leur grandeur passée, et la perspective brillante, quoique éloignée, que leur offrait la crédulité. Une prophétie annonçait qu’au bout de

  1. Hist. Aug., p. 231 ; Zosime, l. I, p. 58, 59 ; Zonare, l. XII, p. 637. Aurel.-Victor avance que Probus prit la pourpre en Illyrie. Une pareille opinion, quoique adoptée par un homme très-savant, jetterait cette période de l’histoire dans la plus grande confusion.
  2. Hist. Aug., p. 229.