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tinuèrent à exercer leurs fonctions ordinaires. Un proconsul d’Asie fut le seul personnage considérable déposé de son emploi dans tout le cours de cet interrègne.

Un événement à peu près semblable, mais bien moins authentique, avait eu lieu, à ce qu’on prétend, après la mort de Romulus, qui, par sa vie et son caractère, eut quelques rapports avec l’empereur Aurélien. Lorsque le fondateur de Rome disparut, le trône resta vacant pendant douze mois, jusqu’à l’élection d’un philosophe sabin, et la tranquillité générale se maintint de la même manière par l’union des différens ordres de l’état ; mais du temps de Numa et de Romulus, l’autorité des patriciens contenait les armes du peuple, et l’équilibre de la liberté se conservait aisément dans un état vertueux et borné[1]. Rome, bien différente de ce qu’elle avait été dans son enfance, commençait à pencher vers sa ruine ; tout semblait alors annoncer un interrègne orageux : la vaste étendue de l’empire, une capitale immense et tumultueuse, l’égalité servile du despotisme, une armée de quatre cent mille mercenaires, enfin l’expérience des révolutions fréquentes qui avaient déjà ébranlé la constitution.

  1. Tite-Live, I, 17 ; Denys d’Halycarnasse, l. II, p. 115 ; Plutarque, Vie de Numa, p. 60. Le premier de ces historiens rapporte ce fait comme un orateur, le second comme un homme de loi, le troisième comme un moraliste ; et aucun d’eux probablement n’en parle sans un mélange de fable.