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troupes ornés de la pourpre impériale. Elle se réserva le diadème avec le titre brillant, mais douteux, de reine de l’Orient.

Expédition d’Aurélien. A. D. 272.

Telle était l’adversaire qu’Aurélien avait à combattre, et qui, malgré son sexe, devait paraître redoutable. Dès que l’empereur se fut rendu en Asie, sa présence raffermit la fidélité de la Bithynie, déjà ébranlée par les armes et par les intrigues de Zénobie[1]. S’avançant à la tête de ses légions, il reçut la soumission d’Ancyre, et vint mettre le siége devant Tyane. Après une résistance opiniâtre, un perfide citoyen l’introduisit dans cette place. Aurélien, d’un caractère généreux, quoique violent, livra le traître à la fureur des soldats. Un respect superstitieux porta ce prince à traiter avec douceur les compatriotes d’Apollonius le philosophe[2]. Les habitans d’Antioche, à la nouvelle de la marche des Romains, avaient déserté leur ville. L’empereur, par

    que les deux premiers étaient déjà morts avant la guerre. Aurélien donna au dernier une petite province d’Arménie, avec le titre de roi. Il existe encore plusieurs médailles de ce jeune prince. Voyez Tillemont, tom. III, p. 1190.

  1. Zosime, l. I, p. 44.
  2. Vopiscus (Hist. Aug., p. 217) nous donne une lettre authentique d’Aurélien, et une vision douteuse de cet empereur. Apollonius de Tyane était né environ dans le même temps que Jésus-Christ. Sa vie (celle d’Apollonius) est écrite d’une manière si fabuleuse par ses disciples, qu’on est en peine, d’après leur récit même, de savoir si c’était un sage, un imposteur ou un fanatique.