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taxée d’avarice : cependant, lorsque l’occasion l’exigeait, elle paraissait libérale et magnifique. L’Arabie, l’Arménie et la Perse redoutaient son inimitié, et recherchaient son alliance. Aux domaines de son époux, qui s’étendaient depuis l’Euphrate jusqu’aux frontières de la Bithynie, elle ajouta l’héritage de ses ancêtres, le royaume fertile et peuplé de l’Égypte[1]. Claude rendit justice à son mérite : il n’était pas fâché qu’elle maintînt la dignité de l’empire en Orient[2], tandis qu’il faisait la guerre à la nation des Goths. Au reste, la conduite de Zénobie paraît équivoque. Il est assez probable qu’elle avait formé le dessein d’élever une monarchie indépendante. Elle mêlait aux manières affables des princes de Rome, la pompe éclatante des cours de l’Asie, et elle voulut être adorée de ses sujets comme l’avaient été les successeurs de Cyrus. Ses trois fils[3] reçurent une éducation romaine. Souvent elle les montrait aux

  1. C’est ce qui paraît fort douteux : Claude, pendant tout son règne, a été traité d’empereur par les médailles d’Alexandrie, qui sont en grand nombre. Si Zénobie a eu quelque pouvoir en Égypte, ce n’a pu être qu’au commencement du règne d’Aurélien. La même cause rend peu probables ses conquêtes jusqu’en Galatie. Peut-être Zénobie a-t-elle administré l’Égypte au nom de Claude, et, devenue plus audacieuse après la mort de ce prince, la soumit-elle à son propre pouvoir. (Note de l’Éditeur.)
  2. Voyez l’Histoire Auguste, p. 198, le témoignage qu’Aurélien rend au mérite de cette princesse ; et, pour la conquête de l’Égypte, Zosime, l. I, p. 39, 40.
  3. Timolaüs, Herennianus et Vaballathus. On suppose