Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 2.djvu/22

Cette page a été validée par deux contributeurs.

cipalement dans des prières et dans des hymnes sacrés. L’objet qu’ils invoquent est cet être suprême dont l’immensité remplit la vaste étendue des cieux. » Mais on reconnaît dans l’historien grec les idées du polythéisme, lorsqu’il attribue en même temps aux disciples de Zoroastre la coutume d’adorer la terre, l’eau, le feu, les vents, le soleil et la lune. De tout temps les Perses ont entrepris d’éloigner cette imputation, en expliquant les motifs d’une conduite un peu équivoque : s’ils révéraient les élémens, et surtout le feu, la lumière et le soleil, en leur langue Mithra[1], c’est qu’ils les regardaient comme les

  1. Mithra n’était point le Soleil chez les Perses : Anquetil a combattu et victorieusement réfuté l’opinion de ceux qui les confondent, et elle est évidemment contraire au texte du Zend-Avesta. Mithra est le premier des génies ou Jzeds créés par Ormuzd ; c’est lui qui veille sur toute la nature : de là est venue la croyance de quelques Grecs, qui ont dit que Mithra était le summus Deus des Perses. Il a mille oreilles et dix mille yeux. Les Chaldéens paraissent lui avoir assigné un rang plus élevé que les Perses. C’est lui qui a donné à la terre la lumière du Soleil ; le Soleil, nommé Khor (éclat) est ainsi un génie inférieur, qui, avec plusieurs autres génies, prend part aux fonctions de Mithra. Ces génies collaborateurs d’un autre génie sont appelés ses Hamkars, mais ils ne sont jamais confondus dans le Zend-Avesta. Dans les jours consacrés à un génie, le Persan doit réciter, non-seulement les prières qui lui sont destinées, mais celles qui lui sont destinées à ses Hamkars : ainsi l’hymne ou iescht de Mithra se récite dans le jour consacré au Soleil (Khor), et vice versâ. C’est probablement là ce qui