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sa constance et sa fermeté, rétablit, jusqu’à un certain point, l’honneur de ses armes. La seconde bataille se donna près de Fano, en Ombrie, dans la plaine qui, cinq cents ans auparavant, avait été si fatale au frère d’Annibal[1], tant les Germains victorieux s’étaient avancés en Italie par les voies Flaminienne et Émilienne, avec le projet de surprendre les habitans de Rome, et de saccager la maîtresse du monde ; mais Aurélien veillait à sa sûreté. Toujours attaché à la poursuite de l’ennemi, il remporta enfin une victoire complète[2]. Les débris de l’armée vaincue furent exterminés dans une troisième et dernière bataille, près de Pavie, et l’Italie n’eut plus à redouter les incursions des Allemands.

Cérémonies superstitieuses.

La crainte a été la première cause de la superstition : chaque nouvelle calamité excite les mortels tremblans à tâcher de conjurer la colère de leurs invisibles ennemis. Quoique l’espoir le plus assuré de la république fût dans la valeur et dans la conduite d’Aurélien, cependant, lorsqu’on attendait à chaque instant les Barbares aux portes de Rome, le sénat ordonna, par un décret solennel, que les livres de la Sibylle fussent consultés, tant était grande la consternation générale. L’empereur lui-même, porté

  1. La petite rivière, ou plutôt le torrent du Métaure, près de Fano, a été immortalisée par le bonheur qu’elle a eu de trouver un historien tel que Tite-Live et un poète tel qu’Horace.
  2. Elle nous est parvenue par une inscription trouvée à Pesaro. Voyez Gruter, CCLXXVI, 3.