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queuses de l’empire, la Gaule et l’Espagne, sont entre les mains de Tetricus. Et nous rougissons d’avouer que les archers d’Orient obéissent à Zénobie. Quelque chose que nous exécutions, ce sera toujours suffisamment grand[1]. » Le style ferme et mélancolique de cette lettre annonce un héros peu inquiet de sa destinée, connaissant tout le danger de sa situation, mais qui trouvait des espérances bien fondées dans les ressources de son propre génie.

Sa victoire sur les Goths.

L’événement surpassa son attente et celle de l’univers. Par les victoires les plus signalées il arracha l’empire aux Barbares qui le déchiraient, et il mérita de la postérité le surnom glorieux de Claude-le-Gothique. Les relations imparfaites d’une guerre irrégulière[2] nous empêchent de décrire l’ordre et les circonstances de ses exploits ; cependant, s’il nous était permis de nous servir d’une pareille expression, nous pourrions distribuer en trois actes cette fameuse tragédie. 1o. La bataille décisive fut livrée près de Naissus, ville de Dardanie[3]. Les légions plièrent d’abord, accablées par le nombre et glacées d’effroi par de premiers malheurs ; leur ruine paraissait inévitable, si la conduite habile de l’empereur ne leur

  1. Trebellius-Pollion, dans l’Histoire Auguste, p. 204.
  2. Hist. Aug., dans Claude, Aurélien et Probus ; Zosime, l. I, p. 38-42 ; Zonare, l. XII, p. 638 ; Aur.-Victor, Epitom. ; Victor le jeune, in Cæsar. ; Eutr., IX, II ; Eusèbe, in Chron.
  3. Aujourd’hui Nissa. C’est la patrie de Constantin. D’Anville, Géogr. anc., t. I, p. 308. (Note de l’Éditeur).