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de remplir les emplois les plus importans, et reprochaient à Valérien la négligence avec laquelle il le laissait dans le poste subalterne de tribun. L’empereur ne tarda pas à distinguer le mérite de Claude, qui fut nommé général en chef de la frontière d’Illyrie, avec le commandement de toutes les troupes de la Thrace, de la Mœsie, de la Dacie, de la Pannonie et de la Dalmatie. Valérien lui donna en même temps les appointemens de préfet d’Égypte, lui accorda le rang et les honneurs dont jouissait le proconsul d’Afrique, et lui promit le consulat. Par ses victoires sur les Goths, Claude obtint du sénat l’honneur d’une statue, et il excita la jalousie de Gallien qu’il méprisait. Comment un soldat aurait-il estimé un souverain si dissolu ? Il est peut-être bien difficile de déguiser un juste mépris. Quelques expressions indiscrètes de Claude furent officieusement rapportées à l’empereur. La réponse de Gallien à un officier de confiance peint le caractère de ce prince, et l’esprit du temps. « Vous me parlez, dans votre dernière dépêche[1], de quelques suggestions malignes qui ont indisposé contre nous Claude, notre parent et notre ami ; rien ne pouvait me toucher plus sérieusement que ce que vous me marquez à ce sujet. Au nom de la fidélité que vous me devez, employez toutes sortes de moyens pour

  1. Notoria, dépêche que les empereurs recevaient, à certains temps marqués, des frumentarii ou agens dispersés dans les provinces. Nous pourrons en parler dans la suite.