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leur procura les nécessités de la vie, et leur brigandage les objets de luxe. Situés au centre de la monarchie romaine, ils restèrent long-temps dans la Barbarie. Les successeurs de Gallien, incapables de les soumettre par la force ou par la politique, élevèrent des forteresses autour de leur pays[1]. Ces précautions, qui décelaient la faiblesse de l’état, ne furent pas toujours suffisantes pour réprimer les incursions de ces ennemis domestiques : les Isauriens, étendant par degrés leur territoire jusqu’au rivage de la mer, s’emparèrent de l’occident de la Silicie, pays montueux, autrefois la retraite de ces hardis pirates contre lesquels la république avait été obligée d’employer toutes ses forces sous la conduite du grand Pompée[2].

Famine et peste.

Nos préjugés lient si étroitement l’ordre de l’univers avec le destin de l’homme, que cette sombre période de l’histoire a été ornée d’inondations, de tremblemens de terre, de météores, de ténèbres surnaturelles et d’une foule de prodiges faux ou de faits exagérés[3]. Une famine longue et générale offrit une calamité d’un genre plus sérieux. Celle qui se fit sentir alors était une suite inévitable de la tyrannie et de l’oppression qui, en détruisant les moissons, enlevaient les productions présentes et

  1. Hist. Auguste, p. 197.
  2. Voyez Cellarius, Géogr. ant., tom. II, p. 137, sur les limites de l’Isaurie.
  3. Hist. Aug., p. 177.