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guerre aurait pu m’être aussi utile. Que tous les mâles, sans respect pour l’âge, périssent, pourvu que dans l’exécution des enfans et des vieillards vous trouviez le moyen de sauver notre réputation. Faites mourir quiconque a laissé échapper une expression, s’est permis une pensée contre moi ; contre moi, le fils de Valérien, le frère et le père de tant de princes[1]. Songez qu’Ingenuus fut empereur. Déchirez, tuez, mettez en pièces. Je vous écris de ma propre main : je voudrais vous inspirer mes propres sentimens[2]. » Tandis que les forces de l’état se dissipaient en querelles particulières, les provinces sans défense restaient exposées aux attaques de quiconque voulait les envahir. Les plus courageux d’entre les usurpateurs, luttant sans cesse contre les dangers de leur situation, se trouvaient obligés de conclure avec l’ennemi commun des traités ignominieux, de payer aux Barbares des tributs oppressifs pour acheter leur neutralité ou leurs services, et d’introduire des nations guerrières et in-

  1. Gallien avait donné le titre de César et d’Auguste à son fils Salonin, tué dans la ville de Cologne par l’usurpateur Posthume. Un second fils de Gallien prit le nom et le rang de son frère aîné. Valérien, frère de Gallien, fut aussi associé à l’empire. D’autres frères, des sœurs, des neveux et des nièces de l’empereur formaient une famille royale très-nombreuse. Voyez Tillemont, tom. III, et M. de Brequigny, dans les Mém. de l’Académie, tom. XXXII, p. 262.
  2. Hist. Aug., p. 188.