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coupes remplies d’un vin soporifique. Il les but, et tomba tout à coup dans un profond sommeil. À son réveil, il instruisit le monarque et la multitude pleine de foi, de son voyage au ciel, et des conférences particulières qu’il avait eues avec la divinité. Le témoignage surnaturel détruisit tous les doutes ; les articles de la foi de Zoroastre furent fixés avec précision, et d’une manière irrévocable[1]. Essayons de tracer une légère esquisse du culte des Perses ; elle servira non-seulement à développer leur caractère, mais encore à répandre un nouveau jour sur les rapports soit d’alliance, soit d’inimitié, qui ont eu lieu entre cette nation et le peuple romain[2].

Théologie des Perses : deux principes.

Le grand article de la religion de Zoroastre, l’article qui sert de base à tout le système, est la fameuse doctrine des deux principes : effort hardi et mal conçu de la philosophie orientale, pour concilier l’existence du mal moral et physique avec les attributs d’un créateur bienfaisant qui gouverne le monde. L’origine de toutes choses, le premier être, dans lequel ou par

  1. Hyde, De relegione veterum Persarum, c. 21.
  2. J’ai principalement tiré ce tableau du Zend-Avesta de M. Anquetil, et du Sadder qui se trouve joint au traité du docteur Hyde : cependant, il faut l’avouer, l’obscurité étudiée d’un prophète, le style figuré des Orientaux, et l’altération qu’a pu souffrir le texte dans une traduction française ou latine, nous ont peut-être induits en erreur, et peuvent avoir introduit quelques hérésies dans cet abrégé de la théologie des Perses.