Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 2.djvu/168

Cette page a été validée par deux contributeurs.

très-judicieux[1], cette ville fut surprise au moment où la multitude oisive assistait aux jeux du cirque. Les magnifiques édifices d’Antioche, monumens publics et maisons particulières, furent pillés ou détruits, et ses nombreux habitans mis à mort ou menés en captivité[2]. La fermeté du grand-prêtre d’Émèse arrêta pour un instant l’impétuosité de ce torrent qui désolait toutes les provinces de l’Asie. Revêtu de ses habits sacerdotaux, et suivi d’une troupe considérable de paysans fanatiques, armés seulement de frondes, il sauva son dieu et ses domaines des mains sacrilèges des disciples de Zoroastre[3] : mais la destruction de Tarse et de plusieurs autres villes prouve qu’excepté dans cette seule circonstance, la conquête de la Syrie et de la Cilicie coûtèrent à peine à l’armée des Perses quelques instans de retard. Les Romains renoncèrent aux avantages que leur offraient les défilés du mont Taurus contre un ennemi dont la principale force consistait en cavalerie, et qui aurait eu à soutenir un combat très-inégal dans les gorges étroites des montagnes. Sapor, ne trouvant aucune résistance, forma le siége de Césarée, capitale de la Cappadoce.

  1. Le témoignage décisif d’Ammien-Marcellin (XXIII, 5) fixe sous le règne de Gallien le sac d’Antioche, que plusieurs auteurs placent quelque temps plus haut.
  2. Zosime, l. I, p. 35.
  3. Malala (t. I, p. 391) dénature ce qu’il y a de probable dans cet événement par quelques circonstances fabuleuses.