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ses ruines avec un nouvel éclat[1], fut enfin brûlé par les Goths dans leur troisième invasion navale. Les arts de la Grèce et les richesses de l’Asie avaient contribué à la construction de ce magnifique monument. Il s’élevait sur cent vingt-sept colonnes d’ordre ionique ; ces colonnes, toutes d’un marbre de grand prix, avaient été données par des monarques religieux, et chacune avait soixante pieds de haut. Les sculptures admirables, ouvrages de Praxitèles, qui ornaient l’autel, représentaient la naissance des divins enfans de Latone, la retraite d’Apollon après le meurtre des Cyclopes, et la clémence de Bacchus, qui pardonnait aux Amazones vaincues[2]. Peut-être le sculpteur avait-il tiré ces sujets des légendes et des traditions favorites du pays. Le temple d’Éphèse n’avait que quatre cent vingt-cinq pieds de diamètre, les deux tiers environ de la longueur sur laquelle a été bâtie l’église de Saint-Pierre de Rome[3]. Dans ses autres dimensions, il était encore plus inférieur à ce chef-d’œuvre de l’architecture moderne. Les bras spacieux d’une croix chrétienne exigent une largeur bien plus grande

  1. Hist. Aug., p. 178 ; Jornandès, c. 20.
  2. Strabon, l. XIV, p. 640 ; Vitruve, l. I, c. 1 ; préface, l. VII ; Tacite, Annal., III, 61 ; Pline, Histor. nat., XXXVI, 14.
  3. La longueur de Saint-Pierre de Rome est de huit cent quarante palmes romaines : chaque palme est de huit pouces trois lignes. Voyez les Mélanges de Greaves, vol. I, p. 233, sur le pied romain.