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Ravagent la Grèce et menacent l’Italie.

Cet exploit, quelque éclat qu’il ait pu jeter au milieu des ténèbres qui couvraient alors la gloire d’Athènes, servit plutôt à irriter qu’à abattre le caractère indomptable des conquérans du Nord. Un incendie général ravagea dans le même temps toute la Grèce. Thèbes et Argos, Corinthe et Sparte, ces républiques si long-temps rivales, et qui s’étaient illustrées par tant d’actions mémorables les unes contre les autres, ne purent mettre une armée en campagne, ni même défendre leurs fortifications ruinées. Le feu de la guerre se répandit par mer et par terre depuis la pointe de Sunium jusqu’à la côte occidentale de l’Épire. Déjà les Goths se montraient presque à la vue de l’Italie, lorsque l’approche d’un danger si imminent réveilla l’indolent Gallien. Sorti tout à coup de l’ivresse du plaisir, l’empereur prit les armes. Il paraît que sa présence réprima l’audace et divisa les forces de l’ennemi. Naulobatus, chef des Hérules, accepta une capitulation honorable, entra au service de Rome avec un détachement considérable de ses compatriotes, et fut revêtu des ornemens de la dignité consulaire, qui jusque-là n’avait jamais été profanée par la main d’un Barbare[1]. [Leur séparation et leur retraite.]Un grand nombre de Goths, dégoûtés des périls et des fatigues d’un voyage ennuyeux, s’en-

    dans la relation de ses exploits et de ceux de ses compatriotes.

  1. George Syncelle, p. 382. Ce corps d’Hérules fut pendant long-temps fidèle et fameux.