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passage étroit de l’Hellespont, ils tournèrent toutes ces îles répandues sur l’Archipel ou la mer Égée. Les captifs et les déserteurs durent alors leur être absolument nécessaires pour gouverner leurs vaisseaux et pour les guider dans leurs différentes incursions sur les côtes de la Grèce et de l’Asie. Enfin ils abordèrent au Pirée, cet ancien monument de la grandeur d’Athènes, dont il était éloigné de cinq milles[1]. Les habitans de cette ville semblaient déterminés à une vigoureuse défense. Ils avaient essayé quelques préparatifs ; et Cléodame, l’un des ingénieurs nommés par l’empereur pour fortifier les villes maritimes contre les Goths, avait déjà commencé à relever les murailles, qui n’avaient point été réparées depuis Sylla. Les efforts de son art furent inutiles, et les Barbares devinrent maîtres de la patrie des Muses. Tandis qu’ils s’abandonnaient au pillage et à des désordres de tout genre, leur flotte, qu’ils avaient laissée dans le port sous une faible garde, fut tout à coup attaquée par Dexippus. Ce brave citoyen s’était échappé du sac d’Athènes avec l’ingénieur Cléodame, et, rassemblant à la hâte une bande de volontaires, tant paysans que soldats, il vengea en quelque sorte les malheurs de sa patrie[2].

  1. Pline, Hist. nat., II, 7.
  2. Hist. Aug., p. 181 ; Victor, c. 33 ; Orose, VII, 42 ; Zosime, l. I, p. 35 ; Zonare, l. XII, p. 635 ; George Syncelle, p. 382. Ce n’est pas sans quelque attention que nous pouvons expliquer et concilier leurs récits imparfaits : on aperçoit toujours des traces de la partialité de Dexippus