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tageuse, puisque l’approche de l’équinoxe d’automne les avertissait de hâter leur retour. Naviguer sur le Pont-Euxin avant le mois de mai ou après celui de septembre, est, aux yeux des Turcs modernes, le comble de l’imprudence et de la folie[1].

Troisième expédition maritime des Goths.

Lorsque nous apprenons que la troisième flotte équipée par les Goths, dans les ports de la Chersonèse Taurique, consistait en cinq cents voiles[2], aussitôt notre imagination multiplie leurs forces, et se représente un armement formidable ; mais, selon le témoignage du judicieux Strabon[3], les bâtimens de corsaires, dont faisaient usage les Barbares du Pont et de la petite Scythie, ne pouvaient contenir que vingt-cinq ou trente hommes ; ainsi, nous ne craindrons pas d’assurer que quinze mille guerriers au plus s’embarquèrent pour cette grande expédition. Impatiens de franchir les limites du Pont-Euxin, ils dirigèrent leur course destructive du Bosphore Cimmérien au Bosphore de Thrace. À peine avaient-ils gagné le milieu du détroit, qu’ils furent rejetés tout à coup à l’entrée. [Ils passent le Bosphore et l’Hellespont.]Un vent favorable les porta le lendemain en peu d’heures dans la mer Tranquille, ou plutôt dans le lac de la Propontide. Ils s’emparèrent de la petite île de Cyzique, et détruisirent cette ville, célèbre depuis plusieurs siècles. De là, sortant par le

  1. Voyages de Chardin, t. I, p. 45. Il navigua avec les Turcs, de Constantinople à Caffa.
  2. George Syncelle, p. 382, parle de cette expédition comme si elle eût été entreprise par les Hérules.
  3. Strabon, l. XI, p. 495.