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d’armes et de machines de guerre[1] ; deux cents galères défendaient son port, et des lois sages veillaient à sa conservation. Cette place n’avait rien perdu de son état florissant ; mais il ne lui restait de son ancienne force qu’une situation avantageuse dans une petite île de la Propontide, qui tenait par deux ponts seulement au continent de l’Asie. Après avoir saccagé Pruse, les Goths s’avancèrent à dix-huit milles[2] de Cyzique, avec l’intention de la détruire. Un heureux accident retarda la ruine de cette ville. La saison était pluvieuse, et les eaux du lac Appolloniates, réservoir de toutes les sources du mont Olympe, s’élevèrent à une hauteur extraordinaire. La petite rivière de Rhindacus, qui en sort, devint tout à coup un torrent large et rapide, qui arrêta les progrès des Goths. Ils avaient probablement laissé leur flotte à Héraclée : ce fut dans cette ville qu’ils se rendirent avec une longue suite de chariots chargés des dépouilles de la Bithynie ; et ils traversèrent cette malheureuse province à la lueur des flammes de Nicée et de Nicomédie, qu’ils brûlèrent par caprice[3]. On parle obscurément d’un combat douteux, qui assura leur retraite[4] ; mais une victoire même complète ne leur aurait été que fort peu avan-

  1. Strabon, l. XII, p. 573.
  2. Pococke, Description de l’Orient, l. II, c. 23, 24.
  3. Zosime, l. I, p. 33.
  4. George Syncelle rapporte une histoire inintelligible du prince Odenat, qui défit les Goths et qui fut tué par le prince Odenat.