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trouvèrent une résistance qu’ils n’attendaient pas de la faible garnison d’une forteresse éloignée. Les Barbares furent repoussés ; cet échec sembla diminuer la terreur de leur nom. Tous leurs efforts devinrent inutiles, tant que la garde de cette frontière fut confiée à Successianus, officier d’un rang et d’un mérite supérieurs. Mais aussitôt que Valérien l’eut élevé à un poste plus honorable et moins important, ils renouvelèrent leurs attaques, et la destruction de Pityus effaça le souvenir de leur premier revers[1].

Les Goths assiégent et prennent Trébisonde.

En suivant le contour de l’extrémité orientale du Pont-Euxin, la navigation est d’environ trois cent milles[2] depuis Pityus jusqu’à Trébisonde. Les Goths se portèrent à la vue de la Colchide, si fameuse par l’expédition des Argonautes ; ils entreprirent même, mais sans succès, de piller un riche temple à l’embouchure du Phase. Trébisonde, célébrée dans la retraite des dix mille comme une ancienne colonie grecque[3], devait sa splendeur et ses richesses à la magnificence de l’empereur Adrien, qui avait construit un port artificiel sur une côte où la nature n’a creusé aucun havre assuré[4]. La ville était grande et fort peuplée ; une double enceinte de murs sem-

  1. Zosime, l. I, p. 30.
  2. Arrien (in Periplo maris Eux. 130) dit que la distance est de deux mille six cent dix stades.
  3. Xénophon, Retraite des dix mille, l. IV, p. 348, édit. de Hutchinson.
  4. Arrien, p. 129. L’observation générale est de Tournefort.