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quel était écrit le Zend-Avesta[1], devenait une source perpétuelle de discussions. On vit s’élever

    gendes persanes et leurs propres conjectures, une histoire très-agréable, prétendent que Zoroastre fut contemporain de Darius-Hystaspes ; mais il suffit de faire remarquer que les écrivains grecs, qui vivaient presque dans le même siècle, s’accordent à placer l’ère de Zoroastre quelques centaines d’années ou même mille ans plus haut. Cette observation n’a pas échappé à M. Moyle, qui, à l’aide d’une critique judicieuse, a soutenu contre le docteur Prideaux, son oncle, l’antiquité du prophète persan. Voyez son ouvrage, vol. II.

  1. Cet ancien idiome était appelé le zend. Le langage du commentaire, le pehlvi, quoique beaucoup plus moderne, a cessé depuis plusieurs siècles d’être une langue vivante. Ce seul fait, s’il est authentique, garantit suffisamment l’antiquité des ouvrages apportés en Europe par M. Anquetil, et que ce savant a traduits en français (*).
    (*) Zend signifie vie, vivant. Ce mot désigne, soit la collection des livres canoniques des disciples de Zoroastre, soit la langue même dans laquelle ils sont écrits. Ce sont aussi les livres qui renferment la parole de vie, soit que la langue ait porté originairement le nom de Zend, soit qu’on le lui ait donné à cause du contenu des livres. Avesta signifie parole, oracle, révélation, leçon : ce mot ne désigne pas non plus le titre d’un ouvrage particulier, mais la collection des livres de Zoroastre, comme Révélation d’Ormuzd. Cette collection se nomme ainsi tantôt Zend-Avesta, tantôt Zend tout court.
    Le Zend était l’ancienne langue de la Médie, comme le prouve son affinité avec les dialectes de l’Arménie et de la Géorgie ; il était déjà langue morte, sous les Arsacides, dans les pays même qui avaient servi de théâtre aux événemens que le Zend-Avesta rapporte. Quelques critiques, entre autres Richardson et sir W. Jones, ont révoqué en doute l’antiquité de ces livres : le premier a prétendu que le Zend n’avait jamais été une langue écrite et parlée ; qu’elle avait été inventée, dans des temps postérieurs, par les magiciens, pour servir à