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de l’ordre et de la clarté dans notre narration, nous suivrons moins la succession incertaine des dates, que la division plus naturelle des sujets. [Incursions des Barbares.]Les plus dangereux ennemis de Rome furent alors, 1o. les Francs, 2o. les Allemands, 3o. les Goths, 4o. les Perses. Sous ces dénominations générales nous comprendrons des tribus moins considérables, qui se sont aussi rendues célèbres par leurs exploits, mais dont les noms rudes et obscurs ne serviraient qu’à surcharger la mémoire et à fatiguer l’attention du lecteur.

Origine et confédération des Francs.

I. Comme la postérité des Francs forme une des nations les plus grandes et les plus éclairées de l’Europe, l’érudition et le génie se sont épuisés pour découvrir l’état primitif de ses barbares ancêtres. Aux contes de la crédulité ont succédé les systèmes de l’imagination. L’esprit de recherche a scrupuleusement examiné tous les passages qui pouvaient éclaircir cette matière, et s’est porté sur tous les lieux où il a cru apercevoir de faibles traces d’une origine obscure. On a placé dans la Pannonie[1], dans la Gaule, dans le nord de la Germanie[2] l’origine de cette fameuse colonie de guerriers. Enfin les critiques les plus sensés, rejetant les fausses migrations

  1. On a formé différens systèmes pour expliquer un passage difficile de Grégoire de Tours, l. II, c. 9.
  2. Le géographe de Ravenne (l. I, II), en parlant de Mauringania, sur les confins du Danemarck, comme de l’ancienne demeure des Francs, a fourni à Leibnitz la base d’un système ingénieux.