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sion nécessaire, avait probablement sauvé sa patrie, devint l’objet du mépris et de l’aversion générale. Hostilien avait été enlevé au milieu des ravages de la peste ; on imputa sa mort à Gallus[1] ; le cri de la haine attribua même la défaite de Dèce aux conseils perfides de son odieux successeur[2]. La tranquillité que Rome goûta la première année de son administration[3] servit plutôt à enflammer qu’à apaiser le mécontentement public ; et, dès que le danger de la guerre eut été éloigné, on sentit plus fortement et d’une manière bien plus vive l’infamie de la paix.

Victoire et révolte d’Émilien. A. D. 253.

Mais quel dut être le ressentiment des Romains lorsqu’ils découvrirent qu’ils n’avaient point assuré leur repos, même au prix de leur honneur ? Le fatal secret de l’opulence et de la faiblesse de l’empire avait été révélé à l’univers. De nouveaux essaims de Barbares, enhardis par le succès de leurs compatriotes, et ne se croyant pas enchaînés par les mêmes traités, répandirent la désolation dans les provinces de l’Illyrie, et portèrent la terreur jusqu’au pied du Capitole. Un gouverneur de Pannonie et de Mœsie entreprit la défense de l’état, que paraissait abandon-

  1. Pour la peste, voyez Jornandès, c. 19 ; et Victor, in Cæsaribus.
  2. Ces accusations improbables sont rapportées par Zosime, l. I, p. 23, 24.
  3. Jornandès, c. 19. L’écrivain goth a du moins observé la paix que ses compatriotes victorieux avaient jurée à Gallus.