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troupes plus nombreuses ; que ses détachemens répandaient de tous côtés la désolation en Mœsie ; et que le principal corps d’armée, composé de soixante-dix mille Germains et Sarmates, pouvait se porter aux entreprises les plus audacieuses. Une invasion si formidable exigeait la présence du monarque, et le développement de toutes ses forces.

Divers événemens de la guerre des Goths. A. D. 250.

Dèce trouva les Goths occupés au siége de Nicopolis, sur le Jatrus, un de ces monumens qui devaient perpétuer le souvenir des exploits de Trajan[1]. À son approche ils se retirèrent, mais avec le projet de voler à une conquête plus importante, et d’attaquer Philippopolis[2], ville de Thrace, bâtie par le père d’Alexandre, presque au pied du mont Hémus[3]. L’empereur les suivit par des marches forcées dans un pays difficile ; mais lorsqu’il se croyait encore à une distance considérable de leur arrière-garde, Cniva se tourna contre lui avec une violente impétuosité. Le camp des Romains fut pillé ; et, pour la première fois, leur souverain prit la fuite devant

  1. Le lieu qu’occupait cette ville est encore appelé Nicop. La petite rivière sur les bords de laquelle elle était située tombe dans le Danube. (D’Anville, Géogr. anc., t. I, p. 307.)
  2. Aujourd’hui Philippopolis ou Philiba : sa situation entre des collines la faisait aussi appeler Trimontium. (D’Anville, Géogr. anc., t. I, p. 295). (Note de l’Éditeur.)
  3. Étienne de Byzance, De urbibus, p. 740 ; Wesseling, Itineraria, p. 136. Zonare, par une méprise singulière, attribue la fondation de Philippopolis au prédécesseur immédiat de l’empereur Dèce.