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Borysthène[1]. Ce grand fleuve, qui arrose les plaines de la Pologne et de la Russie, servit de direction aux Barbares, et leur procura pendant toute leur marche une provision constante d’eau, et d’excellents pâturages pour les nombreux troupeaux qui les accompagnaient. Pleins de confiance en leur propre bravoure, ils pénétrèrent dans des contrées inconnues, sans songer aux puissances qui auraient pu s’opposer à leurs progrès. Les Bastarnes et les Vénèdes furent les premiers qui se présentèrent. La fleur de leur jeunesse prit parti, de gré ou de force, dans l’armée des Goths. Les Bastarnes occupaient le nord des monts Krapacks. L’immense contrée qui séparait ces peuples des sauvages de Finlande était habitée, ou plutôt dévastée, par les Vénèdes[2]. On a quelques raisons de croire que les Bastarnes, qui se distinguèrent dans la guerre de Macédoine[3], et qui formèrent ensuite ces tribus redoutables de Peucins, de Borans, de Carpiens, etc., tiraient leur origine de la Germanie[4]. Nous sommes encore

  1. D’Anville, Géographie ancienne, et la troisième partie de son incomparable carte d’Europe.
  2. Tacite, Germ., 46.
  3. Cluvier, Germ. ant., l. III, c. 43.
  4. Les Basternes ne sauraient être regardés comme originaires de la Germanie : Strabon et Tacite paraissent en douter, Pline est le seul qui les appelle positivement Germains : Ptolémée et Dion les traitent de Scythes, dénomination vague à cette époque de l’histoire ; Tite-Live, Plutarque et Diodore de Sicile les nomment Gaulois, et cette