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suffisant de vaisseaux à rames[1] ; et depuis Carlscroon jusqu’aux ports les plus voisins de la Prusse et de la Poméranie, la distance n’est que d’environ cent milles. Ici enfin nous marchons à la lueur de l’histoire sur un terrain solide. Du moins, en remontant jusqu’à l’ère chrétienne[2], au plus tard jusqu’au siècle des Antonins[3], nous voyons les Goths établis à l’embouchure de la Vistule ; et dans cette fertile province, où long-temps après furent bâties les villes commerçantes de Thorn, d’Elbing, de Konigsberg et de Dantzick[4]. À l’occident de ces contrées, les nombreuses tribus des Vandales se répandirent le long des rives de l’Oder, et des côtes maritimes du Mecklenbourg et de la Poméranie. Une ressemblance frappante de mœurs, de traits, de religion et de langage, semble indiquer que les Vandales et les Goths étaient originairement une grande et même nation[5]. Ceux-ci paraissent avoir été sub-

  1. Tacite, Germ., 44.
  2. Tacite, Ann., II, 62. Si l’on pouvait ajouter foi aux voyages de Pythéas de Marseille, il faudrait convenir que les Goths avaient passé la mer Baltique au moins trois cents ans avant Jésus-Christ.
  3. Ptolémée, l. II.
  4. Par les colonies allemandes qui suivirent les armes des chevaliers teutoniques. Ces aventuriers terminèrent, dans le treizième siècle, la conquête et la conversion de la Prusse.
  5. Pline (Hist. nat., IV, 14) et Procope (in bell. vand., l. I, c. 1) ont suivi la même opinion. Ces deux auteurs