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le projet véritablement grand de former, dans des retraites inaccessibles à la servitude, une religion et un peuple qui pussent servir un jour sa vengeance immortelle, lorsque ses invincibles Goths, animés par l’enthousiasme de la gloire, sortiraient en nombreux essaims des environs du pôle pour châtier les oppresseurs du genre humain[1].

Migrations des Goths de la Scandinavie en Prusse.

Quand même tant de générations successives du peuple goth auraient été capables de conserver quelques faibles traces de leur origine des Scandinaves, ce n’est pas à des barbares sans lettres que nous pourrions demander un détail exact des temps et des circonstances de leurs migrations. Le passage de la Baltique était une entreprise facile et naturelle. Les habitans de la Suède avaient un nombre

  1. Il est difficile d’admettre comme un fait authentique l’expédition merveilleuse d’Odin, qui pourrait fournir le sujet d’un beau poème épique, en faisant remonter à une époque si mémorable l’inimitié des Goths et des Romains. Selon le sens le plus naturel de l’Edda, et l’interprétation des plus habiles critiques, As-gard n’est point réellement une ville de la Sarmatie asiatique ; c’est le nom du séjour mystérieux des dieux ; c’est l’Olympe de la Scandinavie. Le prophète était supposé en descendre, lorsqu’il vint annoncer sa nouvelle religion à la nation des Goths, qui étaient déjà établis dans la partie méridionale de la Suède (*).
    (*) On peut consulter sur ce sujet une lettre curieuse du Suédois Ihre, conseiller de chancellerie à Upsal, imprimée à Upsal, chez Edman, en 1772, et traduite en allemand par M. Schlœzer ; à Gættingue, chez Dieterichs,1773. (Note de l’Éditeur.)