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il y mit le sceau par une mort volontaire. Redoutant les approches ignominieuses des maladies et des infirmités, il résolut d’expirer comme il convenait à un guerrier. Dans une assemblée solennelle des Suédois et des Goths, il se fit neuf blessures mortelles. « Je cours, disait-il en rendant le dernier soupir, préparer le festin des héros dans le palais du dieu de la guerre[1]. »

Hypothèse agréable, mais incertaine, touchant Odin.

Le lieu de la naissance d’Odin et de sa résidence habituelle est désigné sous le nom d’As-gard. L’heureuse conformité de ce nom avec As-bourg ou As-of[2], mots dont la signification est la même, sert de base à un système historique si ingénieux, que nous souhaiterions qu’il fût vrai[3]. On suppose qu’Odin était le chef d’une tribu de Barbares qui habitèrent les bords des Palus méotides, jusqu’à ce que la chute de Mithridate et les armes victorieuses de Pompée fissent trembler le Nord pour sa liberté. Odin, trop faible pour résister à un pouvoir si formidable, ne céda qu’en frémissant ; forcé de quitter son pays natal, il conduisit sa tribu depuis les frontières de la Sarmatie asiatique jusqu’en Suède, avec

  1. Mallet, Introd. à l’hist. de Danemarck.
  2. Mallet, c. 4, p. 55, a tiré de Strabon, de Pline, de Ptolémée et d’Étienne de Byzance, les vestiges de ce peuple et de cette ville.
  3. Il ne peut l’être. Bayer a prouvé que la ville d’Asof ne paraissait que dans le douzième siècle de l’histoire. Voyez sa dissertation sur l’histoire d’Asof dans le deuxième volume de la collection de l’Hist. russe. (Note de l’Édit.)