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Secours et victoire des quatre vaisseaux.

La générosité des princes chrétiens fut froide et tardive ; mais du moment où Constantin avait craint que sa capitale ne fût assiégée, il avait entamé des négociations dans les îles de l’Archipel, dans la Morée et en Sicile, pour en obtenir les secours les plus indispensables. Cinq grands vaisseaux marchands[1] armés en guerre auraient appareillé de Chios dès le premier jour d’avril, si un vent du nord ne les eût opiniâtrement arrêtés[2]. Un de ces vaisseaux portait le pavillon impérial ; les quatre autres appartenaient aux Génois ; ils étaient chargés de froment et d’orge, d’huile et de végétaux, et surtout de soldats et de matelots pour le service de la capitale. Après un pénible délai, une brise légère venant du sud leur permit enfin de mettre à la voile, et ce même vent, devenu plus fort le second jour, leur fit traverser l’Hellespont et la Propontide ; mais la capitale de l’empire grec était déjà investie par terre et par mer, et l’escadre turque placée à l’entrée du

  1. Il est singulier que les Grecs ne s’accordent pas sur le nombre de ces célèbres vaisseaux. Ducas en indique cinq, Phranza et Léonard en indiquent quatre, et Chalcocondyles en indique deux ; il faut que les uns se bornent à indiquer les plus grands, tandis que les autres indiquent en outre les plus petits. Voltaire, qui donne un de ces navires à Frédéric III, confond les empereurs d’Orient et d’Occident.
  2. Le président Cousin dédaigne ouvertement ou plutôt ignore complètement toutes les notions de la langue et de la géographie, lorsqu’il retient ces vaisseaux à Chios par un vent du sud, et qu’il les conduit à Constantinople par un vent du nord.