Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 13.djvu/84

Cette page a été validée par deux contributeurs.

lennelle des deux pontifes, c’est-à-dire de Nicolas V, vicaire de Jésus-Christ et du patriarche Grégoire, exilé par un peuple rebelle,

Obstination et fanatisme des Grecs.

Mais le vêtement et la langue du prêtre latin qui officia à l’autel, furent pour les Grecs un objet de scandale, ils observèrent avec horreur qu’il consacrait des pains sans levain, et qu’il versait de l’eau froide dans la coupe de l’eucharistie. Un historien national avoue, en rougissant, qu’aucun de ses compatriotes, pas même l’empereur, ne fut de bonne foi dans cette réconciliation[1]. Pour se disculper de leur soumission précipitée et absolue, ils disaient s’être réservé le droit de faire par la suite une révision de l’acte ; mais la meilleure ou la plus mauvaise de leurs excuses était l’aveu de leur parjure. Accablés des reproches de ceux de leurs frères qui n’avaient pas trahi leur conscience, ils leur répondaient tout bas : « Ayez patience ; attendez que la ville soit délivrée du grand dragon qui cherche à nous dévorer : vous verrez alors si nous sommes sincèrement réconciliés avec les azymites. » Mais la patience n’est pas l’attribut du zèle religieux, et l’adresse d’une cour ne peut contenir l’énergie et la violence de l’enthousiasme populaire. De l’église de Sainte--

  1. Phranza, qui était au nombre des Grecs conformistes, avoue qu’on ne se prêta à cette réconciliation que propter spem auxilii ; et en parlant de ceux qui ne voulurent pas assister au service commun dans l’église de Sainte-Sophie, il affirme avec plaisir que extra culpam et in pace essent (l. III, c. 20).