Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 13.djvu/83

Cette page a été validée par deux contributeurs.

projet détesté de ses sujets de réunir l’Église grecque et l’Église latine ; on ne le reprit que lorsque la détresse de Constantin son frère fit une loi de recourir à un dernier essai de dissimulation et de flatterie[1]. Il envoya des ambassadeurs à Rome ; il les chargea de demander des secours temporels, en assurant que les Grecs se soumettraient à la domination spirituelle du pape : il dit que s’il avait négligé l’Église, les soins pressans de l’état l’avalent exigé, et il témoigna le désir de voir dans sa capitale un légat du pontife. Le Vatican savait trop combien il fallait peu compter sur la parole des Grecs, mais il ne pouvait décemment dédaigner ces signes de repentir ; il accorda plus aisément un légat qu’une armée ; et six mois avant la prise de Constantinople, le cardinal Isidore, né en Russie, y parut en cette qualité, avec un cortége de prêtres et de soldats. L’empereur le traita comme son ami et comme son père ; il écouta avec respect ses sermons, tant en public qu’en particulier, et signa, ainsi que les plus soumis d’entre les prêtres et les laïques de l’Église grecque, l’acte d’union tel qu’il avait été accepté dans le concile de concile de Florence. Le 12 décembre, les Grecs et les Latins se réunirent, pour le sacrifice et la prière, dans l’église de Sainte-Sophie ; on y fit une commémoration so-

  1. Spondanus raconte l’union non-seulement avec partialité, mais d’une manière imparfaite. L’évêque de Pamiers mourut en 1642, et l’histoire de Ducas, qui parle de ces faits (c. 36, 37) avec tant de vérité et de courage, n’a été imprimée qu’en 1649.