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protégea ceux qui se soumirent, mais elle extermina avec le fer et la flamme quiconque voulut résister. Les villes que possédaient les Grecs sur la mer Noire, Mesembria, Acheloum et Bizon, se rendirent à la première sommation ; Sélymbrie mérita seule les honneurs d’un siége ou d’un blocus, et ses braves habitans, pendant qu’ils étaient investis du côté de terre, mirent leurs embarcations à la mer, allèrent piller la côte de Cyzique, et vendirent en place publique les captifs qu’ils ramenèrent. Mais tout se tut et se prosterna à l’arrivée de Mahomet : il s’arrêta d’abord à cinq milles de la capitale de l’empire grec ; il s’approcha ensuite avec son armée en bataille ; il arbora son drapeau devant la porte de Saint-Romain, et commença le 6 d’avril le mémorable siége de Constantinople.

Forces des Turcs.

Les troupes de l’Europe et de l’Asie s’étendaient de droite à gauche de la Propontide au port ; les janissaires étaient placés au fond, devant la tente de Mahomet ; un fossé profond couvrait les lignes ottomanes, et un corps particulier environnait le faubourg de Galata, et surveillait la foi douteuse des Génois. Philelphe, qui résidait en Grèce trente années avant le siége, assure, d’après des données recueillies avec soin, que les forces des Turcs, en les comprenant toutes sans exception, ne pouvaient être de plus de soixante mille cavaliers et de vingt mille fantassins, et il accuse la pusillanimité des nations chrétiennes qui s’étaient soumises si docilement à une poignée de Barbares. Le nombre des Capi-