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rent pour un temps à nos malheurs. Mais lorsque mon père eut remporté la victoire dans les champs de Warna, il fit vœu d’élever un fort sur la rive occidentale ; et je dois accomplir ce vœu : avez-vous le droit, avez-vous la force d’empêcher ce que je veux faire sur mon propre territoire ? Car ce terrain est à moi ; les établissemens des Turcs en Asie arrivent jusqu’aux côtes du Bosphore ; et l’Europe est désertée par les Romains. Retournez chez vous ; dites à votre roi que l’Ottoman actuel diffère beaucoup de ses prédécesseurs, que ses résolutions surpassent les vœux qu’ils formèrent, et qu’il fait plus qu’ils ne pouvaient résoudre. Partez, il ne vous sera fait aucun mal ; mais je ferai écorcher vif le premier d’entre vous qui reviendra avec un pareil message. » Après cette déclaration, Constantin, le premier des Grecs par son courage ainsi que par son rang[1], avait résolu de prendre les armes et de résister à l’approche et à l’établissement des Turcs sur le Bosphore. Il se laissa retenir par les conseils de ses ministres de l’ordre civil et de l’ordre ecclésiastique ; ils lui firent adopter un système moins noble et même moins prudent que le sien ; ils le déterminèrent à prouver sa patience en souffrant de nouveaux ou-

  1. Phranza rend témoignage du bon sens et du courage de son maître. Calliditatem hominis non ignoram imperator prior arma movere constituit ; et il traite avec un mépris mérité l’absurdité des cum sacri tum profani proceres qu’il avait entendu, amentes spe vanâ pasci. Ducas n’était pas du conseil privé.