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il était intéressant que ses louanges en vers ou en prose latine[1] pussent parvenir à son oreille[2] ; mais on ne voit pas de quel usage lui pouvait être, ou quel mérite pouvait recommander à sa politique le dialecte grossier de ses esclaves hébreux. L’histoire et la géographie lui étaient familières ; son émulation s’enflammait à la lecture des Vies des Héros de l’Orient, peut-être de ceux de l’Occident[3] ; ses connaissances en astrologie peuvent être excusées par l’absurdité du siècle, et parce que ce vain savoir suppose quelques principes de mathémati-

  1. Philelphe demanda au vainqueur de Constantinople, dans une ode latine, la liberté de la mère et des sœurs de sa femme, et il obtint cette grâce. L’ode fut remise à Mahomet par les envoyés du duc de Milan. On soupçonnait Philelphe lui-même de vouloir se retirer à Constantinople ; cependant il a souvent cherché, par ses discours, à exciter à la guerre contre les musulmans (voyez sa Vie par M. Lancelot, dans les Mém. de l’Acad. des inscript., t. X, p. 718-721, etc.).
  2. Robert Valturio publia à Vérone, en 1483, ses douze livres De re militari ; c’est le premier qui ait parlé de l’usage des bombes. Sigismond Malatesta, prince de Rimini, son protecteur, offrit cet ouvrage avec une épître en latin, à Mahomet II.
  3. Si l’on en croit Phranza, Mahomet II étudiait assidûment la vie et les actions d’Alexandre, d’Auguste, de Constantin et de Théodose. J’ai lu quelque part qu’on avait traduit par ses ordres les vies de Plutarque en langue turque. Si le sultan savait le grec, il destinait cette version à l’usage de ses sujets ; et cependant ces vies sont une école de liberté aussi-bien que de valeur.